J’aime quasiment tout dans l’automne. Le délicieux craquement des feuilles sous les pieds, le goût des châtaignes, la poêlée ail champignons, les grosses écharpes, rallumer mon poêle, étiqueter mes confitures, et j’en passe et j’en passe, et j’arrête là ma liste à la Prévert.
Mais ce qui m’émerveille en premier ce sont les couleurs de cette saison magique, ces nuances de roux, fauve, orangé.
Hier, le long d’une avenue animée, à l’entrée de Rennes et près d’un rond-point encombré, un petit écureuil s’activait. Indifférent ou presque à l’agitation citadine. La juxtaposition de deux mondes : humains pressés, véhicules, bruit, et cet écureuil, ces arbres en bordure de route (qui a dit qu’il fallait les supprimer ?), ces feuillages jonchant le sol. J’étais à vélo, d’où l’incroyable chance d’observer l’animal, tout affairé à préparer son hiver.
Provisions et hibernation ? et bien non, le petit malin n’hiberne pas mais continue de vivre, quelle que soit la saison, grâce à ses stocks, son énergie, son adaptation.
Tous écureuils ? Oui, trois fois oui.
Quelle que soit la saison, adaptons-nous et continuons de vivre et bouger.
Les provisions ce ne sont pas seulement nos placards, (quoique, les miens sont une véritable épicerie qui fait hurler de rire mes enfants), ce sont aussi les provisions de moments chaleureux vécus de ci de là, les échanges retrouvés, l’amitié, l’amour de soi, et oui, j’ai bien dit de soi, les nouvelles rencontres, rencontres qui, si l’on se décide à ouvrir ses yeux (et son coeur) peuvent, contre tout attente, être légion.
Les provisions, c’est l’énergie que l’on stocke lorsque l’on s’active, on bouge, on a des projets.
Les provisions, c’est tout ce que la vie nous a donné, en beau et aussi en moche.
Tout est utile, tout nous sert un jour ou l’autre. Chaque expérience nous a apporté une compréhension supplémentaire à ranger dans nos placards et à ressortir le moment venu.
C’est le regard que l’on porte sur toutes ces expériences qui fait que l’on peut choisir de les considérer comme des provisions ou bien comme des fardeaux
Alors certes, abandonner le fardeau pour le faire provision est un choix un peu difficile, pas forcément logique au premier abord, mais tellement vertueux.
En accompagnement je demande parfois aux personnes de me raconter une deuxième fois leur parcours. Elles l’ont fait lorsque nous nous sommes présentées. Nous avons fait connaissance, j’ai expliqué mes valeurs, la confidentialité en premier, nous avons petit à petit instauré une alliance. Et un jour je demande de raconter à nouveau le parcours en le regardant avec un regard très positif et en y considérant les fameuses provisions justement. C’est assez bluffant de voir quelqu’un reconsidérer sous un autre angle ce qui a fait sa vie jusqu’à ce jour.
Alors si nous décidions de « faire des provisions », de les chouchouter, d’en disséminer dans les différents aspects et thèmes de notre vie ? Si nous décidions de garder en tête le petit écureuil du rond-point, indifférent à notre agitation et concentré sur son bien-être, sur ce qui est important dans sa vie, sur ce qui fera son confort ?
Belle journée à tous