Debout les femmes
Cette semaine j’ai vu le très bon film de Gilles Perret et François Ruffin, « Debout les femmes », j’y ai fait la connaissance de Géraldine, Fatima, Delphine, Sylvie, Annie, Assia, Hayat, Laetitia, Hani, Marie-Laure, Salimata, Corinne, Sabrina, Isabelle, des femmes modestes, engagées, déterminées et oubliées.
Ce film a trouvé chez moi un écho fort.
Me sont donc revenus tous ces visages de femmes puissantes que j’ai durant quelques années accompagnées, ces femmes qui m’ont tant appris. Ces femmes qui chaque matin se levaient pour aller au service des autres, plus riches, mieux lotis, travaillaient deux heures par ci, trois heures par-là, puis soudain beaucoup, puis finalement presque plus, parce qu’elles étaient les premières à subir les fluctuations du service, à devoir s’y adapter, à accepter de n’avoir jamais deux payes identiques…
Par ces métiers du lien, nous sommes, qu’on le veuille ou non, tous concernés. Du fait même que plusieurs fois dans notre vie nous avons eu ou nous aurons besoin de ces femmes (et il y a aussi des hommes dans ces métiers). Auxiliaire de vie, auxiliaire de vie scolaire, employée de maison, aide à la personne, garde d’enfant, animatrice péri-scolaire, agent d’entretien des locaux, etc.
Combien vaut une maison rendue propre ? Combien vaut la garde de nos enfants ? Combien vaut la prise en charge de nos anciens ? Combien vaut la souplesse horaire de ces intervenantes ?
L’organisation actuelle de ce secteur d’aide à la personne au sens large, permet aux classes moyennes et supérieures d’avoir une maison rangée et nettoyée, du linge repassé, des enfants gardés tôt le matin et tard le soir pour quelques euros, un bureau dépoussiéré, des corbeilles vidées, des sanitaires récurés, des aïeuls pris en charge.
Pour que tout ça fonctionne, des personnes travaillent sur des amplitudes horaires incroyables et gagnent à peine de quoi survivre.
Ce film rend compte de tout ça.
C’est avant tout par la loi qu’on peut faire changer les incohérences de ce secteur professionnel, non délocalisable, au fort poids économique, et aux salariés non considérés.
Mais hélas, quand on voit dans le film, le combat que François Ruffin et Bruno Bonnel mènent pour au final voir leur projet de loi vidé de sa substance par des députés opposés à l’amélioration de la vie de toutes ces femmes, on ne peut que ressentir de l’écœurement.